L'historique

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Introduction

La Fayette, Marie Joseph Gilbert Motier, marquis de (1757-1834), général et homme politique français qui a combattu aux côtés des colons américains durant la guerre d’Indépendance américaine puis, de retour sur le vieux continent, a participé à la Révolution française.
Issu de la vieille noblesse auvergnate de Chavaniac, Marie Joseph Gilbert Motier est orphelin à l’âge de treize ans. Ayant hérité d’une fortune considérable, il monte à Paris pour poursuivre ses études au collège Louis-le-Grand. Entré dans la carrière, le marquis sert de 1771 à 1776, quittant l’armée peu après son mariage, avec le grade de capitaine.


La Fayette, "l’Américain"


Favorable à la cause américaine, le marquis de La Fayette se rend outre-Atlantique et propose ses services aux insurgés qui viennent de faire sécession avec la Grande-Bretagne.
Une résolution spéciale du Congrès lui confère le grade de général de division dans l’armée continentale (1777).
Intime de George Washington auprès duquel il combat, il devient membre de l’état-major américain tout en continuant à hanter les champs de bataille.
Blessé à Brandywine, il est présent à Monmouth en tant que commandant de division.
La Fayette veut gagner la France à la cause américaine. Aussi participe-t-il à la préparation du traité d’alliance et de commerce signé le 6 février 1778.
Lorsque Londres déclare la guerre à Paris, il revient en Europe pour solliciter, avec succès, de nouvelles aides financières et militaires.
De retour en Amérique en 1780, il participe à la campagne de Virginie qui se clôt par la reddition du général anglais lord Charles Cornwallis à Yorktown (octobre 1781).
S’ouvre alors une période de voyages entre la France et le continent américain, où il est désormais accueilli en héros.
Instruit de l’aventure américaine et défenseur inconditionnel du principe démocratique, le marquis de La Fayette rentre en France en 1787 et s’engage aussitôt en politique.


Le révolutionnaire: Une tentation césariste


En 1787, La Fayette siège à l’assemblée des notables. En 1789, il représente la noblesse pour la sénéchaussée de Riom aux États généraux.
Après le 14 juillet 1789, il est amené à diriger la milice bourgeoise, puis prend en charge l’organisation et le commandement de la Garde nationale.
Il est également un des initiateurs de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 — inspirée de la Déclaration d’Indépendance américaine.
En 1790, La Fayette jouit d’une exceptionnelle popularité. Le « héros des deux mondes » représente l’ancien parti des patriotes à la Constituante.
Quoique révolutionnaire convaincu, il est aussi le protecteur de la famille royale depuis octobre 1789.
Ce choix et sa renommée le placent au centre du débat constitutionnel.
Son action en fait également l’un des principaux acteurs des crises politiques : le 17 juillet 1791, c’est lui qui donne l’ordre de tirer sur la foule lors du massacre du Champ-de-Mars.
Il incarne alors le triomphe d’une révolution bourgeoise, celle des Feuillants — club qu’il a créé —, favorables à une monarchie constitutionnelle.
Les « fayettistes » composent un fort groupe d’influence, que son inspirateur voudrait voir arriver au pouvoir.
En 1792, il prend la tête d’une armée contre l’Autriche, espérant qu’une victoire lui permettra, en accord avec les Girondins, de briguer le pouvoir.
Cependant, son opposition avec les Jacobins s’accroît ; ceux-ci l’accusent de retourner ses troupes contre Paris pour prendre le pouvoir.
Alors que le mouvement démocratique et populaire reprend la Révolution en main, La Fayette est déclaré traître à la patrie.
Le 8 août 1792, deux jours avant la chute de la monarchie, il fuit en Flandre.


De la déchéance au retour politique


Arrêté à Rochefort par les Autrichiens, La Fayette est emprisonné en Autriche puis en Prusse (1792-1797),
sa déchéance paraît complète.
Lorsqu’il rentre en France après le coup d’État du 18 Brumaire an VIII, il se tient à l’écart du pouvoir napoléonien.
Il revient à la politique à la faveur de la Restauration monarchique de 1815.
Député de la Seine-et-Marne durant les Cent-Jours, puis de la Sarthe (1817), il perd son siège en 1824, après avoir été compromis dans le complot carbonariste de Belfort (1822).
Il quitte alors l’hémicycle où il s’est opposé au roi Louis XVIII.
À l’invitation du Congrès, il séjourne aux États-Unis entre 1824 et 1825, recevant un don de 200 000 dollars et de vastes propriétés terriennes. Ce voyage est un triomphe personnel.
De retour en France, il brigue de nouveau une députation (1827).
Toujours populaire, il joue un rôle important dans la Révolution de juillet 1830 — en tant que commandant de la Garde nationale — et contribue à l’avènement du duc d’Orléans sur le trône, sous le nom de Louis-Philippe Ier.


La Fayette, un double profil


Mort le 20 mai 1834, le marquis de La Fayette laisse en France une image ambiguë.
Entre 1789 et 1830, il s’est attiré simultanément l’animosité des royalistes et des révolutionnaires jacobins, les premiers le considérant comme traître à sa condition aristocratique, les seconds lui reprochant sa trop grande modération et ses tentations opportunistes.
Néanmoins, sa vie durant, La Fayette est resté un démocrate convaincu, même après que ses biens ont été confisqués durant la Révolution — biens pour lesquels il a été indemnisé avec le « milliard des émigrés ».
Durant toute sa carrière, il a prôné l’égalité sociale, la représentation populaire, la tolérance religieuse et la liberté de la presse.
Mais ces choix ont largement été pondérés par son césarisme.
Partisan de l’ordre public et désireux d’assumer des responsabilités toujours plus importantes, il a laissé l’image d’un homme entreprenant et ambitieux, dont la faim de notoriété a mieux été servie aux États-Unis qu’en France.
D’ailleurs, au début du XXe siècle, les Américains se souviennent encore du marquis et de son action, lorsqu’ils déclarent la guerre à l’Allemagne au printemps 1917. Le 4 juillet (jour anniversaire de l’indépendance américaine), un détachement militaire se présente sur la tombe de La Fayette, dans le cimetière parisien de Picpus, et rend un vibrant hommage au « grand patriote ».
Le court discours du colonel Stanton a causé une profonde impression et est depuis resté à la postérité… « La Fayette, nous voici ! » (« La Fayette, we’re here ! »).